Mettre en place le tri à la source des biodéchets

Collecte en porte à porte, points d'apport volontaire, composteurs partagés... De nombreuses options existent et il n'est pas toujours simple de savoir lesquelles sont les mieux adaptées à la typologie de notre territoire.

Jérémy Klein, directeur adjoint du service déchet de la communauté d'agglomération du Pays Voironnais a accepté de répondre à nos questions concernant la mise en place du tri à la source des biodéchets à Voiron, ville motrice dans la gestion de la collecte de ce flux.

Nous avons remarqué que Voiron était motrice sur les aspects biodéchets. Comment la mise en place de la collecte s'est-elle passée ? 

C’est en 2000 que ça s’est fait. Au départ, c’était une volonté de pousser au maximum les usagers à faire le tri. Les papiers et emballages étaient déjà séparés et la collecte des biodéchets a été mise en place en porte à porte. On gère aussi l’aspect traitement, que ça soit pour les emballages ou avec la plateforme de compostage des déchets alimentaires, qui est d’ailleurs mélangée avec les déchets verts.
La collecte est plutôt bien ancrée dans les habitudes sur le territoire.
Quand on a commencé, c’était avec des bio-seaux simples avant de passer sur des bio-seaux ajourés avec des sacs compostables de 7 litres pour l’ensemble des habitants en 2018.
Au début, les sacs étaient distribués chez les usagers pour les sensibiliser. Maintenant ils peuvent être récupérés dans les mairies et les centres techniques comme ici.

Comment s’organise la collecte pour les habitats collectifs ?

C’est le même principe que pour l’habitat individuel. Chaque appartement dispose de son bio-seau et de son sac compostable et les habitants descendent leurs déchets dans un bac commun au local poubelle qui est ensuite collecté en porte à porte.

Et vous proposez de la collecte en Point d’Apport Volontaire ? 

On a attaqué ça en 2018. ça n’était pas forcément avec la volonté de proposer des PAV pour les biodéchets en particulier, mais plutôt parce qu’on voulait installer des colonnes pour les autres flux et qu’on en a profité pour en installer pour les biodéchets. Ça n’est pas un flux évident à traiter en PAV, déjà parce qu’on doit transporter le sac compostable (qui est plus fragile) pour le déposer, mais aussi parce qu’il y a plus d’erreurs de tri sur ce type de contenant. La qualité est moindre qu’en porte à porte.

Vous collectez aussi les biodéchets des professionnels? 

Oui, ils sont aussi pris en compte par la régie s'ils le souhaitent, avec la redevance spéciale. Ça demande plus d’accompagnement, plus de temps et c’est pour ça qu’on a une ambassadrice qui dédie la moitié de son temps de travail aux professionnels. Elle gère notamment le déploiement des sacs compostables pour les pros. Pour l’instant on essaye de leur proposer des sacs de 60, 80 ou 100 litres, mais aussi des housses en 120 et 240 litres, dans l’idée de s’adapter à chaque typologie de professionnel.

Sur l’aspect exutoire / traitement, vous avez eu des appréhensions de la part de la population ?

Notre centre de compostage existe depuis déjà 20 ans et est relativement excentré par rapport à la ville. C’est très peu odorant, surtout au niveau des déchets alimentaires qui maturent dans un hangar fermé avec traitement de l’air. On réfléchit à d’autres solutions de traitement, comme des méthaniseurs par exemple, mais pour l’instant on reste sur le compostage.

Qu'est-ce-que vous conseillez à une collectivité qui voudrait mettre en place la collecte à la source des biodéchets ? 

J’aurais tendance à dire qu’il faudrait sectoriser les solutions. Il n’y a pas une seule solution pour tout le territoire. Il faut prendre en compte le fait que ça coûte cher aussi. Il faut potentiellement racheter des camions, acheter des bacs, des PAV, des composteurs, pas mal de matériel. Pour les zones denses comme le centre-ville, aller vers du porte à porte ou du PAV, et au contraire sur les zones plus rurales, pousser au compostage individuel. ça permet une meilleure maîtrise des coûts.